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Tintin au pays des sources
30 novembre 2020

L'Oreille cassée

Le titre original de cette aventure s'intitulait Tintin chez les Arumbayas. Ce sont autant d'articles que de livres qui ont servi de documentation :

Anton Zischka, « Une goutte de pétrole vaut une goutte de sang. Quelques faits sur le combustible de la guerre », Le Crapouillot, « Menaces sur le Monde », février 1934, p. 19-30

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Anton Zischka, La guerre secrète pour le pétrole, Payot, 1933

Pétrôle

Le dossier « Les marchands de canon contre la nation » dans Le Crapouillot d'octobre 1933 

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 Xavier de Hautecloque, « Sir Bazil Zaharoff, le magnat de la mort subite »

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Cet article figure dans Le Crapouillot, « Les maîtres du monde », mars 1932, p. 4-13

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Sur le même personnage, le livre de Richard Lewinsohn, Zaharoff, l’Européen mystérieux publié par Payot en 1929

Zaharoff

Pour l'étude des Indiens, Hergé a très certainement lu l'ouvrage de Paul Rivet, Les Indiens Jibaros. Étude géographique, historique et ethnographique, édité par Masson en 1908

et celui de Matthew William Stirling, Historical and Ethnographical Material on the Jivaro Indians (U.S. Government Printing Office, 1938)

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27 novembre 2020

Le Lotus bleu

On connaît la genèse du Lotus bleu, il est inutile d'y revenir ici. Signalons juste qu'Hergé s'est beaucoup documenté afin d'éviter les clichés de son époque et pour être le plus crédible possible. 
Pour l'invasion de la Mandchourie il a consulté :

Zhengxiang Lu (Pierre-Célestin Lou Tseng-tsiang), L’invasion et l’occupation de la Mandchourie jugées à la lumière de la doctrine catholique par les écrits du Cardinal Mercier, Éditions du Foyer, 1933. Ce livre lui aurait été procuré par l'auteur lui-même qu'un prêtre avait présenté à Hergé.
Ci-dessous, le père Lou Tseng-tisang en 1946

Le père Lou Tseng-tsiang en 1946
Autre ouvrage selon Pierre Assouline, celui de Ann-yuen Yong Thadée, Aux origines du conflit mandchou : Chine, Japon, paix de Versailles, publié chez P. Geuthner en 1934

Mandchou

Hergé a lu l'article d'Andrée Viollis, « L’impérialisme japonais est une menace pour le monde », publié dans Le Crapouillot, « Menaces sur le Monde » (février 1934, p. 2-17)

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Pour tout ce qui touche à la Chine ses sources pour les illustrations furent :

Vicente Blasco-Ibañez, Chine, Flammarion, 1928. Ce livre de 128 pages est un extrait du tome 2 de son ouvrage en trois volumes Le tour du monde d'un romancier

Chine

On retrouve la statue de la couverture à la planche 47

Tome 05 - Le Lotus Bleu-50
© Hergé / Moulinsart 2020

Ce livre d'Heinz von Perckhammer, China and the Chinese, paru en 1931 chez Routledge & Sons 

China and the Chinese

À moins qu'il n'ait eu entre les mains la version originale allemande

Von China

En p. 37 se trouve une photo qu'Hergé reproduira en 6b.

Dans Ma mère de Cheng Tcheng, édité par Victor Attinger en 1928

Ma mère

Hergé a puisé p. 30, avec les phrases "Jusqu'ici les Européens connaissent mal la Chine et les Chinois ne comprennent pas les Européens"...

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...l'idée d'une réplique fameuse de Tintin lors de sa première rencontre avec Tchang, planche 43 ("...mais les peuples se connaissent mal")

Peut-être a-t-il également lu La Chine en folie d'Albert Londres, paru chez Albin Michel en 1925

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Ainsi que La condition humaine d'André Malraux, publié chez Gallimard en 1933

Condition humaine

Cette couverture de l'hebdomadaire illustré  A-Z, n° 27, paru le 25 septembre 1932 a servi de modèle pour celle de l'album

A-Z

La porte de la ville reproduite en 26a
Tome 05 - Le Lotus Bleu-29
© Hergé / Moulinsart 2020

est prise de cette photo de L'Illustration du 16 juin 1928, n° 4450, p. 633 

Porte

24 novembre 2020

Les cigares du Pharaon

Pour cet album, Hergé a eu recours aux écrits d'Henry de Monfreid (1879-1974), savoir :

Les secrets de la mer Rouge édité par Grasset en 1931    

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La croisière du Hachich, publié chez Grasset deux ans plus tard

Haschich

Le récit « La flèche empoisonnée » parue dans Le Crapouillot en avril 1932

Flèche

et que l'auteur reprendra en chapitres dans Aventures de mer la même année chez Grasset 

Aventures de mer2

Toujours dans Le crapouillot, Hergé s'est informé sur « Les sociétés secrètes », article de Lucien Farnoux-Reynaud publié dans le dossier « Les maîtres du monde » en mars 1932 (p. 52-53)

Il aurait également lu Les voyages du capitaine Burton à La Mecque, aux grands lacs d’Afrique et chez les Mormons (Hachette, 1870) de Richard Francis Burton

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La séquence du cercueil flottant (planches 11 et 12) est puisée d'une scène analogue dans Les cinq sous de Lavarède (ici une édition de 1903 chez Tallandier) de Paul d'Ivoi, un auteur qu'Hergé appréciait.

cinq sous

La scène de la salle des sarcophages (couverture et planches 7 et 8) est puisé du chapitre 10 ("La salle de marbre rouge") de L'Atlantide de Pierre Benoit, ouvrage paru en 1919 et qui connut un très grand succès.

Atlantide

21 novembre 2020

Tintin en Amérique

Après un périple mouvementé au pays des Soviets et de nouvelles aventures au Congo, Tintin prend le large et traverse l'Atlantique pour se rendre sur le continent américain. Pour son troisième album Hergé s'est nourri des documents suivants :

La lecture de Scènes de la vie future de Georges Duhamel paru au Mercure de France en 1930   

Scènes

L'auteur évoque notamment (p. 77) les carcasses de voitures laissées à l'abandon sur le bord des routes. Une vision que reprendra Hergé en 49d1.

Très utile lui a été le numéro spécial du Crapouillot d'octobre 1930 sur "Les Américains"

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Contenant le reportage de Claude Blanchard intitulé « L’Amérique et les Américains » (p. 17-67)

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Dans cet article comme dans le livre de Duhamel il est question des abattoires Swift & Cie de Chicago (non nommé chez Duhamel) que le père de Tintin va dessiner planche 53 et renommer les établissements Slift. 
Les photos des "statues de publicité" reproduitent p. 33 vont inspirer Hergé en 49c3.

Claude Blanchard reprendra son article dans Voilà l'Amérique !, un livre paru l'année suivante aux éditions Baudinière

Blanchard

Pour comprendre "L'Amérique au travail", quoi de mieux qu'un ouvrage du même titre ? La lecture du livre de John Fraser, publié initialement chez Pierre Dumoulin en 1905 est là pour ça (ici mon exemplaire paru en 1917 chez Pierre Roger & Cie) 

Au travail

Dans Tintin en Amérique, cette scène en 53c1-2... 

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© Hergé / Moulinsart 2020

.... est la mise en images d'un passage du livre de Fraser (p. 152) ; le boeuf remplacant le porc : 

"J'aurais bien voulu voir la fameuse machine qui, recevant un porc vivant par un bout, fournit des saucisses à l'autre bout ; il paraît qu'elle n'est pas encore à point, nul doute cependant qu'elle ne fonctionne un jour."

Hergé a également consulté Al Capone le balafré. Tsar des bandits de Chicago, "biographie" publiée par Fred Pasley en 1931.

Capone

Bien que présenté ainsi, cet ouvrage n'est pas une biographie mais bien plutôt une chronique du banditisme à Chicago.

Les Indiens furent dessinés à partir de l'ouvrage de René Thévenin et Paul Coze, Mœurs et histoire des Peaux-Rouges édité par Payot en 1928

Coutumes

Hergé a également utilisé des illustrations d'un dossier spécial de la revue Vu intitulé « L’Amérique lutte… » paru dans le n° 196 le 16 décembre 1931

Vu, 16 décembre 1931

La descente de la 5e Avenue par Tintin est à rapprocher de la même descente par Zig et Puce [Alain Saint-Ogan, « Zig et Puce à New York » in Zig et Puce à New York, p. 40]

p

18 novembre 2020

Tintin au Congo

La documentation pour les illustrations de cette seconde aventure portent sur trois ouvrages :

Pierre Daye, Le Congo belge (Desclée de Brouwer & Cie, 1927)

Congo belge

Pierre Daye, Jacques Crokaert, Le miroir du Congo belge, édité par NEA Éditions en 1929

Miroir

Albert Michiels, Norbert Laude, Notre colonie. Géographie et notice historique (R. Weverbergh & Albert Dewit, 1924)

Colonie

Parmi les influences du livre, une liste des "principaux groupements indigènes" a dû servir à Hergé pour le nom des tribus Babaoro'm et m'Hatouvou

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Dans Les silences du colonel Bramble d'André Maurois publié chez Grasset en 1918... 

Bramble

...Hergé a été marqué par un passage du livre qu'il a reproduit dans l'album et que voici :

« J’étais à Johannesburg et désirais vivement faire partie d’un club de chasseurs où je comptais beaucoup d’amis. Mais les règlements exigeaient que tout candidat eût tué au moins un lion. Je partis donc avec un nègre chargé de plusieurs fusils et, le soir, me mis à l’affût avec lui, près d’une source dans laquelle un lion avait coutume de venir boire.
Une demi-heure avant minuit, j’entendis un bruit de branches cassées et au-dessus d’un buisson apparaît la tête d’un lion. Il nous avait sentis et regardait de notre côté. Je le mets en joue et tire : la tête disparaît derrière le buisson, mais au bout d’une minute remonte.
Un second coup : même résultat. La bête, effrayée, cache sa tête, puis la dresse à nouveau. Je restais très calme : j’avais seize coups à tirer dans mes différents fusils. Troisième coup : même jeu. Quatrième coup : même jeu. Je m’énerve, je tire plus mal, de sorte que, après le cinquième coup, l’animal redresse encore la tête.
— Si toi manquer celui-là, me dit le nègre, nous mangés.
Je prends une longue inspiration, je vise soigneusement, je tire. L’animal tombe... Une seconde... deux... dix... il ne reparaît pas. J’attends encore un peu, puis, triomphant, je me précipite suivi de mon nègre, et devinez, messiou, ce que je trouve derrière…
— Le lion, Padre.
— Seize lions, my boy... et chacun d’eux avec une balle dans l’œil : c’est ainsi que je débutai. »

Tout Tintoniphile aura reconnu le "massacre" des antilopes perpétré par Tintin p. 15-16.

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15 novembre 2020

Tintin au pays des Soviets

Tout jeune, Hergé a lu Le général Dourakine de Sophie Rostopchine, plus connue sous le nom de comtesse de Ségur (1799-1874)
Dourakin Dourakine

Pierre Assouline, dans la biographie qu'il a consacrée à Hergé, rapporte que ce dernier y aurait puisé l'épisode de la steppe. N'ayant jamais lu ce roman initialement paru chez Hachette en 1863, je n'ai pu me plonger dans un exercice de littérature comparée avec Tintin au pays des Soviets sorti en album en septembre 1930. 

L'énorme boule de neige de la saynette "Une arrivée sensationnelle" dans Zig et Puce millionnaires de Saint-Ogan a peut-être inspiré Hergé pour faire subir le même sort à Tintin à la planche 85.

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neige
© Hergé / Moulinsart 2020

C'est un gag que l'on retrouvera aussi dans Le temple du soleil (planche 33).

Mais on sait que la principale source a été le témoignage de Joseph Douillet, ancien consul de Belgique, intitulé Moscou sans voiles paru chez Spes en 1928 et sous-titré "Neuf ans de travail au pays des Soviets".

Moscou

12 novembre 2020

De l'influence réelle ou supposée de Jules Verne

Faut-il croire Hergé lorsqu’il dit n’avoir jamais lu les romans de Jules Verne ? C’est d’autant plus étrange que des similitudes, parfois flagrantes, apparaissent dans certains albums. Pourtant, le père de Tintin n’hésitait pas à nommer tel auteur ou tel article de presse qui l’avait influencé, alors pourquoi mentirait-il ?

En fait, c’est à la fois très simple et pas si compliqué !

C’est vrai : Hergé n’a jamais lu l’auteur du Tour du monde en 80 jours, on peut certainement le croire lorsqu’il le dit, mais Jacques Van Melkebeke et Edgar P. Jacobs, qui ont compté parmi ses plus proches collaborateurs, l’avaient beaucoup lu, tout comme Bernard Heuvelmans, autre proche d'Hergé qui lui avait notamment résumé le dyptique De la Terre à la Lune et d’Autour de la Lune. Il n’est donc pas étonnant de retrouver certaines idées verniennes dans les albums de Tintin. Je les signalerai le moment opportun.

 Sur le sujet, voir ces deux livres (que je n'ai pas lus) :

Tintin chez Jules Verne s-l400

9 novembre 2020

D'une manière générale...

D'une manière générale, Hergé a été influencé par les dessins de Benjamin Rabier (1864-1939) et la technique artistique d'Alain Saint-Ogan (1895-1974). Rabier fut notamment le créateur de Tintin-Lutin, pseudonyme de Martin Simon, jeune garçon vêtu d'un.... pantalon de golf, et Saint-Ogan fut le premier en France, si ce n'est même en Europe, à insérer son texte dans des bulles et non plus sous l'image. 
Mais Tintin ne doit pas tout à son homonyme-lutin, loin s'en faut. Hergé s'est aussi beaucoup inspiré de l'aventure de Palle Huld, jeune Danois de 15 ans qui avait gagné en 1928 un voyage lors d'un concours organisé par un quotidien à l'occasion du centième anniversaire de la naissance de Jules Verne. Palle Huld a décrit son périple dans Le tour du monde en 44 jours, livre à succès publié en France la même année chez Hachette.

Huld

L'aventure, mais aussi l'accoutrement ! Car Palle Huld (1912-2010) portait une large casquette, un ample manteau et une culotte de golf. Une de ses culottes était à carreaux, comme celle de Tintin lorsqu'il se rendra en Russie.

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© Hergé / Moulinsart 2020

Pour ses aventures, publiées d'abord dans le journal Le Petit vingtième, supplément du quotidien belge Le Vingtième Siècle, puis en albums, Hergé a souvent puisé dans le Larousse pour tous. Pour trouver une définition ou recopier une illustration, ce dictionnaire lui a été très utile.

la rousse

6 novembre 2020

Quelques mots sur la nomenclature utilisée

Chaque planche ou page d'un album de Tintin comporte généralement quatre bandes – que je nommerai A, B, C ou D – et chaque bande contient plusieurs cases. Ainsi, une référence comme 31b3 signifie : la troisième case de la deuxième bande à la page 31.

3 novembre 2020

Bienvenue aux Tintinophiles !

Bienvenue sur ce blog consacré à Tintin, plus exactement aux sources dont Hergé s’est servi pour ses aventures.

Une photo illustrant un bouquin ou la couverture d’un magazine, une aventure suggérée par tel ouvrage, tel article d’un hebdomadaire ou tel dossier complet d’un périodique comme Le Crapouillot, nombreuses sont la documentation et les sources d’inspiration.
Sur les livres, qui vont nous occuper principalement ici, Hergé disait lui-même en 1978 : "Des livres documentaires m’ont toujours aidé dans l’élaboration des albums. Je m’incorpore ces livres et tout fait farine au moulin..."

Après avoir collecté, croisé et recoupé moult informations à partir de plusieurs ouvrages et sites internet dont le forum de Tintin, j'ai pu établir une liste de plus de 95 ouvrages et périodiques.
Tous les trois jours je publierai donc un message sur une aventure de Tintin (je vous rappelle qu'il n'y a que 24 aventures, j'aurai bientôt fini), pas forcément dans l'ordre chronologique de parution.
Pour chaque source j'indiquerai les références : nom de l'auteur, titre de l'ouvrage ou du périodique, éditeur, année, même celle-ci ne sera pas nécessairement celle de parution. 

Cette liste ne sera pas exhaustive encore moins canonique : j'oublierai sans doute de citer tel magazine ou tel ouvrage et peut-être indiquerai-je une source qui n'a pas de raison d'y figurer. Il y a aussi des informations qui m'échappent : quels furent les magazines spécialisés qui servirent de documentation pour tous les véhicules, aussi bien aériens que terrestres ? Comme ci-dessous, avec Roger Leloup, spécialisé dans les dessins de véhicules, en train de reproduire une voiture pour l'aventure inédite Tintin et le Thermozéro

Thermo

ou encore Bob de Moor dessinant la voiture emmenant Haddock en page 20 de Tintin et les Picaros

Picaros, p

Bien que je n'ignore pas qu'Hergé a aussi puisé son inspiration et sa documentation dans les films, je n'en donnerai aucune liste, n'étant pas familier avec cet art.

Bonne balade !

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